Raphaëlle Gentner
Images captives, mouvantes et imaginaires
Un aperçu des articles que j'ai eu l'occasion d'écrire
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Se faire une toile avec Renoir, un film de Gilles Bourdos
Gilles Bourdos nous invite à pousser les volets de la villa des Collettes, et à observer le peintre Pierre-Auguste Renoir, au crépuscule de sa vie, peindre ses baigneuses telles des nymphes dans un décor onirique parsemé d’oliviers plusieurs fois centenaires. Cadre dans lequel l’artiste lutte malgré son arthrose et ses infirmités pour ne pas mourir « avant d’avoir achevé son chef d’oeuvre ».
« Renoir », cette jolie chronique historique, est relatée du point de vue d’Andrée Heuschling dite Dédée, la dernière muse de celui qui se qualifiait « d’ouvrier de la peinture ». Petite rouquine vive et frondeuse, elle lui insuffla l’énergie nécessaire à la poursuite de son œuvre dans le contexte difficile du décès de sa femme, et de la guerre qui le privait de ses fils aînés. Le film s’attache à la relation de la jeune femme aux hommes de la famille Renoir, du peintre qui l’accueille presque comme sa fille à son idylle naissante avec Jean dont elle sera par la suite sa première épouse et l’actrice fétiche de ses premiers films sous le nom de Catherine Hessling.
Lumière donc sur celle qui incita Jean Renoir à démarrer la carrière que nous lui connaissons. Jean : « J’insiste sur le fait que je n’ai mis le pied dans le cinéma que dans l’espoir de faire de ma femme une vedette. »
Malgré un intérêt scénaristique faible, une scène de rencontre Renoir-Andrée ratée et un rythme mal équilibré, cette adaptation du roman Le tableau amoureux de Jacques Renoir (arrière-petit-fils du peintre et petit-neveu de Jean Renoir) éblouit visuellement et nous entraîne dans les décors magnifiques des toiles du maître à travers les reconstitutions de ses plus belles dernières compositions. Tourné à Cagnes sur Mer et au jardin du Rayol Canadel, on se laisse bercer par le souffle du vent dans les oliviers, émerveillé par la direction de la photographie signée Mark Lee Ping-Bin, qui a travaillé entre autres avec Hou Hsia-hsien et Wong Kar-wai !
L'interview de Christa Théret qui interprète le rôle d'Andrée :
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Homo Homini Lupus
“La chasse”, un film de Thomas Vinterberg
Les forêts rousses du Danemark en automne. L’homme dompte la nature en se baignant dans ses lacs glacés, en attendant des heures la meute de cerfs pour en abattre un, pour l’amour de la chasse ou pour devenir un homme ?
Lucas travaille dans un jardin d’enfant où il brise le cœur de la petite Klara sans le savoir. Dans la douleur l’enfant prononce des mots qui portent à confusion… Ils feront basculer la vie de Lucas. La vérité sort-elle de la bouche des enfants ?
Si depuis longtemps Thomas Vinterberg a abandonné son Dogme créé en 1995, le sujet difficile de l’accusation de pédophilie traité de manière à douter de chaque personnage s’inscrit clairement dans la lignée de « Festen », film qui avait gravé le talent du réalisateur dans nos mémoires en 1998.
Cette fois-ci la mise en scène est léchée, lancée à la poursuite des gros plans sur Mad Mikkelsen, qui incarne un Lucas grandiose de retenue. L’ambiance oppressante vire à l’insoutenable lorsque pris pour gibier par sa communauté, Lucas marche sur le fil à la lisière de l’humanité et de l’animalité. Qui va y basculer en premier ? Dans ce drame les animaux ne sont-ils pas plus humains que l’homme ?
"Homo Homini Lupus", ce n’est pas nouveau Plaute l’écrivait déjà dans l’Antiquité : « L’homme est un loup pour l’homme ». Par la dissection de nos meurs, Vinterberg nous le démontre une fois de plus en nous tenant en haleine… jusqu’à la dernière seconde !
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Un peu de trash dans ce monde de courbettes ! “Mondomanila”
de Khavn de la Cruz
A ma grande surprise, Khavn De la Cruz se présente comme « un poète et fictionniste » ! (Et pourquoi pas organiste baroque tant qu’on y est ?) Il me parle de la beauté que l’on peut voir n’importe où, il pourrait faire une très belle photo là maintenant où démarrer un film…
Passionné de musique et de littérature, il me confie s’être mis un beau jour à faire un film pour concilier ses deux passions, depuis il n’a plus pu s’arrêter et regrette même de ne pas pouvoir se consacrer plus à l’écriture de poèmes et à la pratique du piano (c’est lui que l’on voit jouer d’ailleurs dans le film !).
Pour la petite histoire, Mondomanila est né à la base un court-métrage Squatterpunk,
adapté d’une nouvelle, la nouvelle devenue roman, Mondomanilaest devenu long. Tourné en 5 jours sans répétition (sauf pour les chorégraphies), avec un casting à moitié professionnel mais avec de grands noms du théâtre philippin, le film a été adoubé par la critique philippine et maintenant le monde entier.Primé au festival de Rotterdam en janvier 2012, la notoriété de ce film sorti en 2010 a entraîné rétrospectives et nombreuses diffusions à travers le monde.
Par ce film, le réalisateur a voulu ouvrir un nouveau regard au public, il souhaitait que l’expérience soit différente du roman très réaliste. A la base Khavn avait écrit un scénario plus proche du roman, mais il était trop long et ne disposait pas d’assez d’argent. Finalement seule l’essence de l’écrit a été gardée, et malgré sa mise en scène surréaliste il dit toucher une réalité. Si le récit est non linéaire c’est bien sûr dû à la structure du roman mais aussi car il évoque des souvenirs d’enfance. À travers la voix de l’écrivain, Khavn a réussi à imposer son style et son univers.
Combat de boxe entre esprit de génie et de gamin, je recommande aux amateurs de sensations fortes ce film coup de poing !!
Le réalisateur prépare actuellement son prochain film Ruined Heart, histoire d’amour entre un criminel et une prostituée… Son producteur allemand et lui sont présents dans le cadre de “Paris Project” à la recherche de co-producteurs. Avis aux intéressés !
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